Philippe Destinez vu par Thierry Delgaudine

Philippe Destinez vu par Thierry Delgaudine

Philippe Destinez, la fierté de Vinalmont

Le titre de Thierry Delgaudinne lié à l'article qu'il a consacré à Philippe Destinez dans Vers l'Avenir du vendredi 30 novembre 2012 pourrait faire l'objet d'un retourné à la Zlatan : « Vinalmont, la fierté  de Philippe Destinez  » et ce tant la carrière footbalistique de Philippe est attachée à celle du Vinalmont FC.

 9 ans de fidélité pour un joueur venu de bien loin, de Waremme, un peu le bout du monde en 1969, c'est long, très long. Gageons qu'Ibrahimovic ne restera jamais aussi longtemps dans un seul club.

 Le titre est donc important dans l'article. La longueur de l'article en dit aussi très long: une page entière pour notre Wawa vinalmontois :car l'homme en vaut la peine ; le parcours exceptionnel de Philippe au niveau footbalistique ne s'entend pas sans qu'on mette en avant ses qualités humaines, ces qualités qui ont interpellé le journaliste. Une page entière donc : comme le dirait Fernand, notre Fernand Richard, même lorsque Vinalmont faisait l'objet du match du dimanche dans Vers l'Avenir ou La Meuse, cela s'étalait au maximum sur une demi page.

 En lisant l'article, j'ai eu 3 coups de coeur

Premier coup de coeur :  Philippe aime les numéros 9 à l'instar de Roger Claessen, le forward du Standard qui a illuminé ses soirées européennes dans les années 60: « remember » les matches contre le Glasgow Rangers...A Vinalmont, Philippe a toujours voué une admiration sans bornes pour les buteurs comme René Targez ou Michel Lizin. Il avait aussi des affinités avec un autre numéro 9, Popol Vanhoecke qui marquait des goals à la pelle en réserve : de la tête souvent, de l'épaule parfois, de la main quelquefois (toujours par inattention) et de temps en temps... du pied. Paul, dans son style direct, ne mâche pas ses mots quand il s'adresse à Philippe : « Mon ami Philippe, j'ai admiré tous les reportages que tu as réalisé sur notre équipe de foot, sur le blog de Vinalmont. Je me demande comment tu as retrouvé autant d'archives, autant de souvenirs.Il faut croire que tu as encore la nostalgie des année 60 70. Personnellement, je te remercie. Cela fait du bien.(jusque là, cela va );

Je voulais cependant te donner quelques précisions quant à l'année où nous avons été champion en réserve (1980-1981), il y a plus de 30 ans donc. (cela va se se corser, on sent le centre -avant qui va débouler )

Le plus souvent, sauf blessure, l'attaque était constituée par Jean-Luc Dethier qui évoluait sur le flanc gauche, par Jean-Paul Daxhelet qui arpentait le côté droit et au centre par myself. Tu sais, pour nous, l'entre jeu n'avait que peu d'importance (...« on en avait rien a foutre »). On demandait aux halfs d'aider les défenseurs. La tactique était simple : dès que les défenseurs récupéraient le cuir, ils devaient envoyer le ballon bien loin,au dessus de l'entre jeu , et qui était là: POPOL. 9 fois sur 10, je me débarrassais du premier stopper et je lançais un extérieur à gauche ou à  droite ; il faut avouer que Jean-Paul et Jean-Luc prenaient pratiquement toujours leur défenseur de vitesse, et hop, soit ils marquaient eux mêmes ou Popol était où il devait être. Le résultat de cette saison : Dethier: 29 buts, Daxhelet : 32 buts et Van Hoeck : 41 buts.  20 victoires, 2 matches nul, et 0 défaite, je pense » 

Ce type de raisonnement imparable, un peu cavalier, Paul l'a tenu des dizaines de fois à la buvette, irrité par l'incompréhension apparente de Philippe, son vis-à vis qui, compétiteur et orateur hors pair, était venu, comme chaque fois discuter avec lui après le match. Imperturbable, sûr de son fait, avec son air bonhomme, avec son ton posé et calme, professoral déjà, avec ses termes choisis, colorés, fleuris, Philippe expliquait les grandes règles du football à Popol : «  Des passes courtes, Paul, nous permettent de maîtriser l' entrejeu et de te servir comme dans un fauteuil. L'entrejeu est la pièce maîtresse d'une équipe de foot, sois en conscient. Je crois que tes paroles dépassent ta pensée ". Popol, qui ne l'entendait pas de cette oreille, fort de ses dizaines de buts inscrits, fulminait et finissait par crier « Remets un peu un verre à Philippe  »  indiquant par là que la discussion allait reprendre de plus belle et à son avantage et que ce grand escogriffe de Philippe allait mordre la poussière... 

Il faut dire que, dans notre monde de brutes, Philippe se démarquait au niveau de son éloquence mais aussi au niveau de son son style footbalistique particulier : fin, racé, intelligent, caractérisé par des amorties audacieuses, des dribbles risqués, des une-deux étonnants, une frappe pure, et une courtoisie de tous les instants, même dans ses démêlés avec le corps arbitral. Toujours est-il que le courant passait bien entre Popol et Philippe...

Deuxième coup de coeur : Philippe aimait les dictons, les sentences,les maximes, les proverbes, les citations. Son célèbre « On ne prête qu'aux riches » qu'il balançait l'air de rien aux arbitres éberlués a la suite d'une décision qui ne l'agréait pas, avait été repris en équipe fanion et en réserve par André Polet si bien qu' il était devenu une marque de fabrique du Vinalmont FC.

Pour nous dire pourquoi il avait relaté avec enthousiasme l'histoire de Vinalmont sur le blog du village , Philippe a repris une citation du poète Henrik Ibsen : « La mémoire a été donnée aux hommes pour qu'ils aient des roses en hiver». Ce qui, après moultes réflexions, pourait vouloir dire: « En devenant plus âgé, on se rappelle les victoires avec Targez contre Thisnes, Landen ou Marneffe et ou oublie les défaites du style 10-0 contre les « gris et rouges » de Haneffe. On ne se souvient plus des éternelles places d'antépénultième (rien que Villers derrière nous) et on se rappelle du titre de champion en réserve.

Troisième coup de coeur : Philippe a toujours été très positif, ne jugeant jamais, prenant toujours le bon chez chacun de ses partenaires. Et d'ailleurs, dans ses mémorables discours de fin de championnat, il parlait toujours du navire qui, malgré les avaries et les tempêtes, est arrivé à bon port grâce à des matelots courageux (nous, les footballeurs je suppose ) et grâce à leur brillant commandant (on ne sait pas s'il parlait de Camille Corbier, le président, d'André Polet le capitaine ou de Targez, l’entraîneur ).

Encore aujourd'hui, à contre courant de l'avis parfois répandu, Philippe trouve le contact avec les jeunes enrichissants, positifs, intéressants ; il a besoin de leur contact journalier ; c'est pourquoi, il continue sa carrière de prof de mathématiques et de physique à l'IPES de Waremme alors qu'il pourrait prétendre à la pension. A contre courant encore des idées préconçues, il juge que les sportifs de haut niveau ne sont pas médiocres dans les études, bien au contraire. Et de prendre l'exemple des deux vedettes auxquelles il a donné cours : Philippe Gilbert et Eliaquim Mangala. Il a connu à l'Institut Provincial de La Reid Philippe Gilbert qu'il prenait d'ailleurs sur le chemin de l'école : un gamin très attachant, pas avare de ses efforts en section horticulture et qui est devenu la vedette que l'on connait.

A Waremme, Philippe a aussi vu passer Eliaquim Mangala qui, âgé de 15 ans, de nationalité française, défendait les couleurs de...Wépion et et fréquentait l'IPES, qui avec son école de football et d'athlétisme, cadrait avec ses ambitions. Il était un bon élève à Waremme I et qui plus est doué en mathématiques, le cours que Philippe dispensait.

 

 

Date: 
après 1980